Ethymologie

D'où vient le nom de Biviers ?

L'origine du nom de Biviers n'est pas connue. On pense généralement qu'il viendrait du latin biviæ signifiant deux routes. De quelles routes s'agit-il ? Biviers est en dehors des grands axes. On prétend parfois que viae pourrait signifier rivière, voire torrent ; deux torrents ? Il y en a quatre à Biviers et au moins six avec les affluents. Difficile de relier ce nom aux torrents, d'autant plus que le radical vi n'a pas grand-chose à voir avec ripa, qui a donné rivière, rive, rif, ru, ruisseau...

Faisait-on référence aux voies romaines ? Il en passait peut-être une à Biviers (voir pax romana). Mais deux ?

Certains habitants pensent que le nom de Biviers provient de celui d'un ancien moine de la Fessia qui s'appelait Bivet. D'autres à un gallo-romain important appelé Bivius.

Un écrivain biviérois, Georges Morel-Journel, pense que le nom se rapporte bien à deux voies, l'une étant la voie romaine, l'autre une suite de sentiers partant de Biviers pour rejoindre le col du Coq et ensuite la Chartreuse.


Notre proposition en 2000
Nous suggérons une hypothèse voisine. Le nom de la commune viendrait de celui de son plus vieux château, Montbives, dont le fief pouvait s'étendre sur Saint-Ismier et englober les deux voies franchissant la falaise du Saint-Eynard : le sentier de la Faîta et celui du Pas de la Branche (cf. Tourisme). Ces voies avaient une importance stratégique autrefois, avant l'ouverture des tunnels de la route du col du Coq. On préférait un chemin court, même raide, quand on allait à pied ou avec un mulet. La famille d'Arces a possédé Montbives pendant plus de deux siècles. C'est cette même famille qui, au 13e siècle, a fait construire ou conforter un poste de guet avancé en haut des Massons, la tour d'Arces, bien placé pour contrôler ces deux chemins. Ce poste, sans confort, sans eau, est à moins de deux kilomètres de MontBives. Il devait servir de bastion pour abriter une petite troupe fréquemment relevée, chargée de défendre les droits de péage du seigneur local (celui de Montbives ?) tout en veillant (c'était la contrepartie des péages) à la sécurité des voyageurs. Malgré les dénivelées, la Tour d'Arces pouvait communiquer avec Montbives par fanions ou par signaux de fumée, pour appeler du renfort. Des sentiers relient ces deux points à travers la forêt. La partie biviéroise de ces sentiers s'appelle même chemin des Viers. Il est même tout à fait plausible que ces itinéraires soient bien antérieurs au 13e siècle et à l'implantation de la famille d'Arces dans la région.

Le nom de Grésivaudan pourrait venir, quant à lui, de deux mots germaniques signifiant à peu près le pays de la forêt caillouteuse.

L'image ci-jointe montre la position de
Montbives et de la Tour d'Arces sur la carte.
Le diagramme des altitudes sur la ligne les reliant illustre la visibilité entre ces 2 postes, selon que les constructions s'élèvent à 25 m ou à 30 m. Les tours étaient en visibilité directe si elles avaient une hauteur de 30 mètres (cliquer sur la vignette).

Arces, tour de péage ?

Remarques
On s'aperçoit souvent que le nom conservé par certains bâtiments ne se réfère pas du tout à celui de son constructeur, ni à celui de son premier propriétaire, mais plutôt à celui du dernier.
Ainsi, le château de Montbonnot est appelé château de Miribel, alors qu'il s'agit d'une construction due à Françoise de Galles sur l'emplacement d'un château fort delphinal. De même, Château-Corbeau à Meylan n'indique pas la propriété delphinale de ce bastion, ni son appartenance pendant 200 ans à la famille d'Arces. Il en va de même du palais de la Connétable à Grenoble, construit par Lesdiguières et appelé hôtel de Franquières, parce que les Franquières de Biviers l'ont possédé par la suite. Alors qui a bien construire la tour d'Arces ?

Autre remarque concernant les limites territoriales :
Aux environs du 11e siècle, Biviers était beaucoup vaste qu'aujourd'hui. On peut lire [Guy Allard, Dictionnaire du Dauphiné] que le prieuré de St-Martin-de-Miséré a été fondé en Biviers et que, plus tard, le territoire autour du prieuré est devenu une paroisse (c'est peut-être ce qui explique les relations privilégiés qui ont toujours existées entre ces deux communautés !)


Références:
Georges Morel-Journel, La maison forte de Montbives, Bulletin de l'Académie Delphinale, 1953
Pour l'étymologie du Grésivaudan : Trannoy, Bull. Acad. Delph. mai 1932.