Hydrologie et sous-sol

Régime des pluies
Comme on l'a dit (page Climat), les chutes de pluies présentent deux maxima, l'un en hiver, l'autre en été. En hiver, il s'agit de pluies fines ou de neige. Les eaux ont le temps de s'infiltrer dans le terrain et alimentent les nappes phréatiques, bien modestes il est vrai. En été, il s'agit surtout d'orages, brefs et violents : les eaux ruissellent en surface et n'alimentent guère que les torrents, provoquant crues et débordements (voir la page Risques ).

La Fontaine Galante
Une grande partie de la pluie tombant sur la falaise s'infiltre dans les multiples fissures entre les strates. Ces strates, dont la pente est orientée nord-ouest, conduisent les eaux sous la Chartreuse vers le réseau hydraulique du massif. En particulier, nos pluies contribuent à alimenter la source de la Fontaine Galante près du Sappey (entre la route D512 et la Vence, à 820 m d'altitude). Cette source abondante, mais calcaire, a été captée au siècle dernier par un syndicat de propriétaires à Corenc et à Meylan pour alimenter les anciennes demeures. On peut voir, sur les routes de ces deux communes, des portes d'ouvrages de distribution marquées FG. Ce réseau fonctionne toujours, mais la majorité des abonnés n'en boivent plus l'eau, très calcaire et parfois polluée.

Nappes phréatiques

A Biviers, la pente des couches souterraines est trop forte et l'adret trop proche pour que le sous-sol puisse receler d'importantes nappes phréatiques. Des dépôts d'argile dans les cônes torrentiels retiennent de petites nappes à faible profondeur, lesquelles génèrent des sources inconstantes et de faible débit au flanc des coteaux (figure ci-contre).
Une nappe plus importante, au contact du substrat imperméable des terres noires, draine le reste de l'eau infiltrée et donne naissance à des sources presque permanentes, lorsque ce substrat affleure le sol (c'est le cas au château de Montbonnot, au Boutet à Meylan et peut-être à Serviantin, ...). Dans presque tous les cas, l'eau est très calcaire et facilement sujette à pollution.

On peut ramener les zones d'infiltration à cinq bassins : Châtelard, Crêt-Châtel, Pré Beneiton, Grand Viollet et Serviantin. Le bassin du Châtelard alimente un puits au Châtelard, des sources chemin des Viers et aux Mendards, le château de Montbives et les fontaines des Barraux. Celui de Crêt-Châtel alimente les maisons du hameau (ancienne colonie de vacances), le secteur Botet-Jacinthes, la fontaine de la mairie actuelle et celles du bourg (ou village).
Le champ de collecte de Pré Beneiton alimente en eau l'ancien prieuré (fontaine dite des Chartreux), le presbytère, Franquières et, autrefois, l'ancienne mairie-école.
Le champ du Grand Viollet alimente des sources et fontaines au-dessus de l'église (autrefois la cure), ainsi qu'une conduite le long du chemin de Plate-Rousset (fontaine à Plate-Rousset et dans quelques maisons anciennes, comme le Bontoux). En outre, ce bassin infiltre de l'eau sous le coteau de l'église : captage d'une source quasi pérenne pour le château de Bontoux, sources intermittentes en bordure du chemin du Puy Guiguet, mais surtout, glissements de couches de terrain sur le coteau.
Le dernier bassin, celui de Serviantin, est un peu particulier : il est à basse altitude, son eau est peu calcaire et son régime permanent. Il est possible qu'il s'agisse de la nappe reposant sur le substrat. Cette nappe alimente le château de Serviantin grâce à des galeries presque horizontales ainsi que plusieurs puits au-dessus de ce château. La profondeur de ces puits (jusqu'à 20 mètres) s'accroît avec l'altitude, comme le prévoit le schéma ci-dessus.
Les galeries de collecte d'eau (ou mines), classiques dans les maisons fortes de la région (Serviantin, Franquières, maison Berlioz à St-Ismier...), ont souvent été interprétées comme des souterrains mystérieux reliant la demeure à des points mythiques, comme la Tour d'Arces. En réalité, elles ont été creusées pour créer de véritables sources artificielles.

Ressources du sous-sol

Le sous-sol de Biviers ne recèle apparemment aucune ressource importante.


La fontaine ardente en 2000
Signalons toutefois la présence de la couche géologique dite à géodes. Autrefois, on pouvait récolter des géodes aux endroits où cette couche affleure (en particulier vers Château-Corbeau, sous les actuels grands réservoirs de Meylan, jusque vers 1960). C'est dans cette couche que se trouve emmagasinés parfois des gaz qui peuvent sourdre à l'air libre, comme à la Fontaine Ardente (certains habitants auraient également observé chez eux des suintements d'huile). Ces gaz proviennent de la transformation de micro-organismes vivants (plancton) enfouis dans les couches jurassiques à l'ère secondaire. Ils sont de même nature que le grisou des mines (méthane). Puisque, dans le secteur, affleurent beaucoup de schistes et même de l'ardoise, on peut dire qu'il s'agit de gaz de schiste.

La carrière du Mont-Garin était en réalité un chantier d'exploitation de gros rochers éboulés et non pas un site d'extraction de roches du sous-sol. Ces blocs proviennent du tithonique de la falaise supérieure. La carrière aurait été abandonnée en 1914, sans doute à cause de la mobilisation des ouvriers. Son exploitation n'a pas repris après la guerre, faute de bras (un tiers environ de la population masculine active de Biviers a été tuée pendant cette guerre). On s'interroge souvent sur l'origine de cette carrière : très probablement, elle date de 1860 environ, peu après la chute de ces très gros blocs, le premier en avril 1849, tuant 2 jeunes bucherons biviérois et dévastant 2 ha de taillis, le second 2 ans plus tard. En 1865, l'entrepreneur Latal, de Meylan, achète les parcelles où est située cette carrière. On trouve encore sur place (outre un braséro) de nombreux blocs équarris et taillés ; le volume de certains approche le mètre cube. Quelques empreintes artificielles sont gravées sur ces rochers1. Le sentier d'accès est lui aussi artificiel : remblayé, dressé, étayé, il devait avoir une largeur de près de deux mètres et servait sans doute de piste de glissement pour l'évacuation des blocs par traîneau jusqu'au hameau de la Buisse (emplacement de la carrière 5,791°-45,2416°, départ du sentier : route forestière en 5.7923°-45,2401°. Voir Plan de Biviers).

Cependant, la composition chimique moyenne de la roche marno-calcaire de la falaise est proche de celle nécessaire à la fabrication du ciment. Son exploitation serait toutefois très dangereuse.

Signalons enfin, pour les esprits curieux, qu'à Biviers, comme partout sur terre, la température du sous-sol augmente en moyenne avec la profondeur d'une quantité appelée gradient géothermique (environ un degré par trente mètres). L'origine en est la chaleur du centre de la Terre, cette chaleur étant due en majeure partie à la lente désintégration des isotopes radioactifs contenus dans les diverses couches de la planète.
La température du sol varie un peu au cours de l'année autour de cette valeur moyenne. Les variations suivent l'intensité de l'ensoleillement en surface, mais s'atténuent et se décalent (se déphasent) avec la profondeur. Pour une profondeur voisine de 7 à 11 mètres (selon le terrain), la variation, faible mais décelable, est même inversée par rapport aux saisons : la terre y est légèrement plus chaude en hiver qu'en été. C'est l'endroit idéal pour y creuser sa cave. Les sources provenant de ce niveau sont dotées de la même propriété ; elles sont un peu plus chaudes en hiver qu'en été (de l'ordre du degré). Ces informations peuvent intéresser quiconque envisagerait de se chauffer avec une pompe à chaleur, ce à quoi les sources de Biviers, non potables et hivernales, pourraient très bien servir. Voir page chauffage des logements.


1. La présence de ces rochers fait l'objet d'interprétations contradictoires : certains Biviérois ont cru leur attribuer une origine préhistorique, les entailles étant alors ciselées par un orant accomplissant un rite chamanique. Par ailleurs, de respectables savants ont daté ces rochers de la Renaissance, interprétant les marques comme support d'un rituel de compagnonnage (Bul. Ac. delph. mai 2009).
Mais les journaux de l'époque (Le courrier de l'Isère, 28 avril 1849 et 13 avril 1851 relatant un bruit terrible [qui] est venu effrayer les habitants du quartier Tré-Cloître à Grenoble) et les archives de Biviers laissent penser que ces rochers proviennent bien des deux chutes mentionnées ci-dessus ; le rocher supérieur étant le plus récent, ses empreintes ne peuvent dater que du milieu du 19e siècle et ont été gravées par les carriers pour se distraire. On peut remarquer également que cette carrière ne figure pas dans les livres – pourtant très exhaustifs – des propriétés de Biviers sous le premier Empire et qu'elle n'est pas citée non plus dans le livre de Perrin-Dulac, Description générale du département de l'Isère (Allier, 1806) qui catalogue pourtant soigneusement toutes les carrières.     Retour
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