Un peu de géologie
A l'ère primaire, une chaîne de montagnes surgit à l'endroit des Alpes ; l'érosion transforme petit à petit ce socle hercynien en pénéplaine, plus tard très boisée. La mer en recouvre même une partie. C'est le cas dans notre région.
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A l'ère secondaire, le climat est humide et encore très chaud. Des alluvions se déposent dans nos mers, qui deviennent de moins en moins profondes. De nombreux animaux y vivent ; leurs carapaces se déposent en couches calcaires parmi les sédiments. C'est ainsi que se sont formées les roches de la Chartreuse. Certains animaux sont énormes, comme l'ichtyosaure (proche du requin ou du dauphin). Sur les parties émergées, la flore et la faune se développent et pullulent. C'est le temps des dinosaures, il y a environ 180 millions d'années.
A l'ère tertiaire, (il y a 50 millions d'années environ) surgiront les Alpes, soulevant leur plateau primaire ; Belledone élève très haut son socle hercynien, que l'érosion mettra à nu. La Chartreuse et les Préalpes, moins élevées, ne se débarrasseront pas de leur couche calcaire, venant du fond des mers du secondaire. Ces roches calcaires n'ont pas toutes la même composition chimique, ni les mêmes propriétés. Ainsi, l'urgonien, qu'on trouve à la dent de Crolles et dans le coeur de la Chartreuse, est beaucoup plus compact et plus dur que le tithonique, roche plus friable dont est composé le Saint-Eynard, et surtout que le séquanien, dont est faite la falaise inférieure.
Légende
Ur: urgonien Ci : crétacé inférieur Js : jurassique supérieur
Jm : jurassique moyen Gn : gneiss Gr : granit
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Coupe géologique du Grésivaudan
(selon Jacques Debelmas, Bull. Acad. Delph. 1995, 4, p. 87).
Beaucoup plus près de nous, durant l'ère quaternaire, deux glaciers vont modeler la région et lui donner son aspect actuel. On distingue en gros 5 périodes, très inégales en durée.
- Le glacier de Riss. 300 000 ans avant notre ère, il couvrait la vallée du Grésivaudan sur une hauteur d'environ 1000 mètres au droit de Biviers. Très vaste, il allait jusqu'à Lyon. Le glacier reposait sur une roche jurassique située à environ 500 mètres sous le sol actuel de la vallée (un forage pratiqué à Montbonnot en 1999 a montré que ce soubassement est exactement à 534 mètres). Le glacier de Riss recouvrait donc entièrement Biviers, du moins jusqu'à l'altitude de la route forestière.
- Période interglaciaire. Le climat s'étant réchauffé, un lac appelé lac de Riss-Wurm fait place au glacier et dépose des alluvions sur le fond de la vallée glaciaire du Grésivaudan. Cette période s'étalait de -150 000 à -85 000 ans.
- Glacier du Wurm. Le climat s'est refroidi. Un nouveau glacier, à peine plus modeste que le précédent, recouvre la vallée entre -75 000 et -25 000 environ, après avoir balayé les alluvions.
- Lac postglaciaire. Nouveau réchauffement. Un lac se forme encore, déposant de nouvelles alluvions, dont nous hériterons ; vers 3000 ans avant notre ère, ce lac se vide dans le bassin du Rhône par un exutoire qui deviendra l'Isère. C'est l'époque considérée comme le début de l'Histoire : sous d'autres cieux, des civilisations florissantes ont inventé l'écriture...
- Période historique. Depuis cette époque (fin du néolithique, puis âge du bronze), l'Isère enrichit la vallée par ses eaux instables et vagabondes, qui entretiennent une flore et une faune de grande diversité. Bien sûr, le caractère capricieux de son lit gêne les activités humaines (l'Isère sera endiguée au cours des siècles) ; le fleuve inondera ses rives, parfois jusqu'à Grenoble ... (on pourra se reporter à l'histoire de Saint-Martin-de-Miséré pour apprécier à leur juste titre les vagabondages de l'Isère !). Mais il permet une culture riche et diversifiée, du moins autrefois, à en croire le roi Louis XII qui, traversant le Grésivaudan en 1507 et, enchanté par la diversité de ses plantements, par les tours en serpentant qu'y fait la rivière Isère, l'appela le plus beau jardin de France (selon Guy Allard, Album du Dauphiné, 17e siècle). L'endiguement de l'Isère ne sera sérieusement réalisé qu'entre 1852 et 1870 et les dernières brèches colmatées en 1945-48.
Même à notre époque, on subit des alternances de climats chauds (aux 12e et 13e siècles, où les glaciers alpins reculent) et de climats froids (comme sous Louis XIV, XV, XVI, période appelée parfois petit âge glaciaire).
Coupe conforme du flanc du Saint-Eynard le long de la limite Meylan-Biviers. La ligne grise montre la position probable du substrat jurassique des terres noires, avec ses affleurements.