Biviers au péril des monts

Risques naturels

Risque de chute de pierres et d'éboulement.
Ce risque s'accroît avec l'altitude. Cependant, les anciens biviérois parlent d'incursions de rochers jusque dans les zones cultivées ou habitées (rocher dans les vignes à Biviers, pierre de la Bergère : une bergère aurait été écrasée par ce bloc et son corps en serait toujours recouvert ; c'est à Meylan, sous Château-Corbeau, 200 mètres à l'ouest en haut du chemin de la Bâtie). Donnée historique : un très gros éboulement s'est produit le 26 avril 1849 du côté du Mont-Garin : deux bûcherons biviérois (les frères Villat) ont été tués et 7 sétérées (2 hectares) de forêt recouvertes par les éboulis. Autre éboulement, presque de même ampleur, le 18 mai 1851.
La protection contre ce fléau consiste à recenser les zones menacées, à y interdire construction ou même accès.
On distingue en fait deux types d'éboulement : ceux qui proviennent de la falaise inférieure (Séquanien) sont très fréquents, presque quotidiens, mais de faible importance ; formé de plaques minces, l'éboulis s'effrite et ne roule pas ; il est dangereux pour les bûcherons et les promeneurs aventureux, mais pas pour les habitants.
L'autre type d'éboulement provient de la falaise sommitale (Tithonique) et concerne des blocs compacts et beaucoup plus gros ; ceux-ci roulent loin et sont très dangereux, mais heureusement peu fréquents. Les géologues ne prévoient pas, pour la région, un risque d'éboulement de même ampleur que celui du Granier en 1248 : d'une part, la falaise est trop stratifiée pour ça, elle se détache par morceaux ; d'autre part, les strates sont inclinées vers l'intérieur du massif et non vers la vallée. Le secteur le plus critique est la grande échancrure de l'Aiguille. L'Aiguille elle-même pourrait se détacher. Des jalons fixés à la paroi derrière elle sont périodiquement surveillés et leur position mesurée par triangulation.

Risque d'inondation

Le débordement des torrents fait courir un risque d'autant plus grave qu'en général ces torrents creusent leur lit, non pas en thalweg comme en plaine, mais au-dessus de leur cône d'éboulis. Dès que le lit est débordé, l'eau, la boue et les rochers prennent de la vitesse et dévastent les alentours. La protection contre ce risque consiste à maintenir dégagé le lit des torrents, à construire dans leur partie haute des ouvrages de retenue, à reboiser l'adret et à proscrire les constructions en zone inondable. Toute la mémoire de Biviers relate la lutte incessante des habitants contre la divagation des torrents (ci-contre, aperçu sur les ouvrages de retenue dans le torrent de l'Aiguille).
Autre particularité de nos torrents. Alors qu'un ruisseau classique grossit continuellement depuis sa source jusqu'à son embouchure, nos torrents font l'inverse. D'une largeur exceptionnelle à leur source (cuvette de réception de plusieurs centaines de mètres), ils sont dotés d'un lit impressionnant en altitude (10 mètres), mais ils s'assagissent très vite pour n'être plus que de modestes ruisseaux au niveau de la route nationale, puis de simples fossés qui disparaissent même totalement dans les champs avant d'atteindre l'Isère, à moins qu'ils n'alimentent les chantournes. Bien sûr, en cas de forte pluie, les torrents nous rappellent qu'ils sont toujours là.

Les registres municipaux (DM) témoignent des nombreuses divagations de torrents, sans qu'on puisse vraiment en déduire l'importance des catastrophes, autrement que sur un plan agricole et financier. Le Gamond sort régulièrement de son lit en amont de Saint-Hugues et ravage les alentours. Selon les DM (4 juillet 1858), il semble que la situation se soit aggravée vers 1830. Elle empire certainement après les éboulements de 1848 et de 1851 (voir ci-dessus), puisque ces accidents ravinent tout le bassin de collecte du Gamond et détruisent la forêt. Le maire de l'époque, Louis Massu, attribue l'aggravation à la transformation de la société et au morcellement des propriétés après la Révolution (selon lui, l'intérêt collectif aurait été mieux préservé sous la féodalité). Aussi milite-t-il pour la constitution d'un syndicat de protection contre les torrents. Il obtiendra satisfaction sous Napoléon III en ce qui concerne le Gamond (voir histoire, 19e siècle).

Le torrent de l'Aiguille est également très dévastateur. Il a autrefois ravagé ses rives depuis la route forestière jusqu'à Franquières. Il a submergé la maison située rive gauche sur le chemin de Monbivet (coordonnées : 5,800°-45,240°) et détruit une maison en rive droite, où l'enfant Salmat perdit la vie ainsi que sa famille nourricière. Il a laissé tellement de terre que le chemin de Monbivet a été depuis lors surélevé de plus de 2 mètres (les habitants ont dû par la suite creuser un fossé encore visible pour assainir et aérer le mur nord de leur demeure). Au niveau de l'ancienne mairie, le torrent a déposé une telle quantité de déblais qu'on n'y a rien reconstruit (c'est le stade actuel ; on dit que des maisons ont été ici ensevelies). Le château de Franquières, suffisamment en retrait du lit, a été protégé de l'inondation par son mur nord. Mais le profil du terrain a été complètement modifié par les dépôts. Autrefois, la route de Meylan avait une pente beaucoup moins forte en rive droite et plus forte en rive gauche. Le gué était situé plus bas. Les déblais ont comblé la dépression côté Franquières et surélevé le lit du torrent, comme l'explique le schéma ci-contre (profil de la route de Meylan : en rouge, profil ancien ; en noir, profil actuel). Le mur bordant le domaine de Franquières (en jaune sur le schéma) témoigne de cette catastrophe : il bordait autrefois la route ; actuellement, il plonge dans la zone ensevelie (en brun sur le schéma) (d'après témoignages oraux).

La lecture des archives (DM) confirme partiellement les propos en 1858 du maire Louis Massu. Avant 1840 environ, les torrents ne donnent pas lieu à des récits aussi catastrophiques. De plus, on n'y trouve peu de débordements graves dus au Piolet et aucun, semble-t-il, dû au Corbonne. Une autre remarque s'impose à la lectures des archives du 19e siècle. A partir de la Révolution, les brebis et les chèvres prolifèrent à Biviers ; ces animaux provoquent de gros dégâts dans les vignes et au bord des chemins. La municipalité légifère à de nombreuses reprises et, semble-t-il, sans succès : elle ne tolère aucune chèvre et seulement 3 brebis chez les familles sans terrain ou trois brebis par stérée pour les propriétaires. On peut se demander si ces animaux ne sont pas allés massivement paître en forêt et n'ont pas peu contribué à dégrader le fragile écosystème de l'adret.

Le risque de débordement des torrents dévalant le Saint-Eynard est constamment étudié par des laboratoires comme l'IRSTEA. Vous pouvez le constater en visionnant ces 3 belles videos concernant le Manival produites par l'IRMA (Institut des risques majeurs).

(Torrent du Manival, épisode 1)
(Torrent du Manival, épisode 2)
(Torrent du Manival, épisode 3)
 
Risque de glissement du terrain.
L'infiltration d'eau entre des couches d'argile pentues et mal stabilisées peut provoquer leur glissement. Il est particulièrement à craindre en aval des nappes phréatiques. Ce phénomène est visible sur les terrains situés sous l'église de Biviers (ancien vignoble) ainsi qu'aux Mandards. On peut y voir des loupes de glissement (respectivement nappes du Grand Viollet et du Châtelard).
Un important glissement aurait emporté autrefois le terrain situé au-dessus du stade actuel. La zone effondrée est située en aval du chemin de l'Eglise, entre les numéros 600 et 900 environ (nappe phréatique de Pré Beneiton). Le chemin de l'Eglise passait autrefois au ras de l'édifice, puis au ras de l'ancien prieuré pour continuer sur la partie effondrée en direction de la mairie actuelle. Son carrefour avec le chemin de Montbivet était tout proche du prieuré. Le chemin de l'Eglise a été reconstruit alors 30 mètres plus au nord, libérant une section du chemin de Montbivet encore visible. Devenue inutile, elle est restée malgré tout dans le domaine public et témoigne de cette modification. Il est possible que cet alignement soit la conséquence du glissement survenu en 1825 dans cette zone (DM du 11 décembre). En tout cas, l'alignement est un fait historique (DM du 21 février 1864), mais il est présenté plutôt comme un arrangement entre la propriétaire de la demeure concernée, Mme Lavaudan, qui y gagnera en confort, et la municipalité, qui pourra (légèrement) agrandir le cimetière.

Risque sismique.
On sait que la chaîne des Alpes, toute proche, est encore active et n'a pas fini de se développer (elle se soulève de 2 mm par an). Cette érection engendre tout au long de l'année de nombreux séismes d'amplitude faible non perceptibles par l'homme. Cependant, il s'en produit parfois de plus dévastateurs comme en 1996 à Annecy ou en 1962 dans la région (épicentre : barrage du Monteynard, démolitions de bâtiments à Corrençon). Ce risque est très surveillé par le dispositif Sismalp de l'USMG. On peut admettre qu'il est faible, comparé au risques encourus dans les régions des grandes failles de l'écorce terrestre ou même en Provence. Cependant, il justifie des interdictions de construire sur les terrains sujets à glissement ainsi que le respect des normes parasismiques (chaînage des fondations et des étages, obligatoires seulement pour les bâtiments recevant du public).

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