MontBives

C'est la bâtisse la plus ancienne de la commune et, certainement, celle dont l'histoire est la plus prestigieuse. Nous n'avons pas de trace de cette histoire avant le 14e siècle, mais il est probable qu'un tel site a intéressé les seigneurs bien auparavant.

En 1339, un Guiffrey de Montbivol possède la maison forte du même nom, puis, en 1366, un Pierre de Montbivol, son fils peut-être. Ensuite, on ne sait comment, le domaine tombe, comme d'ailleurs les maisons fortes voisines, sous la coupe de la famille d'Arces qui le conservera au moins 210 ans. François d'Arces la possède dès 1383. Il en rend hommage en 1388 et 1413, puis Claude d'Arces, son neveu, ainsi que Bon d'Arces, également neveu du précédent (on pourra trouver quelques informations sur la cérémonie de l'hommage).

Ce même Bon d'Arces (qui mourra de la peste en 1452) était déjà possesseur de la Bâtie de Meylan, du fait du mariage de son (arrière ?) grand-père avec Béatrix d'Avallon. Pendant plus de 150 ans, ces deux maisons fortes seront détenues par les mêmes seigneurs, par ailleurs cousins des Arces de Saint-Ismier, leurs tout proches voisins. On peut légitimement penser que ces seigneurs ont habité Biviers. En effet, Montbives est un site remarquable, surtout par l'étendue de sa plate-forme et la présence de sources.

Bon aura pour fils Jean et, pour petit-fils, Antoine d'Arces, appelé le chevalier blanc, dont tout porte à croire que c'est un biviérois. Mais Antoine, probablement trop vagabond (à moins que ce soit là l'origine de son destin d'errance) ne possèdera ni Montbives, ni la Bâtie-Meylan. C'est son frère aîné Philibert qui réunira les deux titres et les transmettra à son fils François, officier tué en Italie pendant le siège de Suse. Les domaines passent ensuite à Humbert d'Arces (qu'on a du mal à situer) avant de parvenir aux enfants d'Antoine, entre lesquels il y aura des aller-retours. Anne en hérite de son oncle Humbert, mais son mari (Jacques du Menon ?) vend le domaine à son beau-frère Jean, baron de Livarot ; à la mort de Jean en 1580 (tué en duel près de Blois), Anne en hérite à nouveau. Là, l'histoire devient confuse ; il semble que les destins des deux maisons se séparent. En 1593, Anne, veuve, vend Montbives à Jean-Baptiste Simiane de la Coste, président du parlement.

Les Arces perdent leurs titres et, nous, nous perdons leur trace. Il en va de même pour leurs deux domaines voisins à peu près au même moment. Ce sont partout des magistrats, conseillers ou présidents du parlement qui achètent les maisons fortes. Les Simiane (Jean-Baptiste, Claude, François, Nicolas et Antoine) auront à peu près tous les mêmes fonctions (sauf Nicolas qui est officier, colonel, puis brigadier et maréchal de camp). Ils deviendront seigneurs de Biviers et, grâce à une cession entre cousins, les Simiane de Gordes, également seigneurs de Bayard, puisqu'ils possèderont les ruines et les revenus du château de Bayard à Pontcharra.

Réunis pendant quelques années, les destins de Montbives et de (Château-) Bayard se séparent (voir page Bayard ). Une sœur des derniers Simiane, Catherine, hérite (ou reçoit) Montbives en 1611 et, comme toujours à cette époque, c'est son mari Gaspard de Vidaud, qui bénéficie des titres et des droits. Il va consolider et moderniser profondément la demeure, qui appartiendra ensuite successivement à son fils Joseph-Gabriel et à trois de ses petits-fils. Le plus âgé de ces petits-fils, Jean-Jacques de Vidaud, seigneur de Montbives, n'a pas eu de chance. A la révolution, jugeant prudent de quitter Paris mais pensant sans doute que le climat était malsain à Biviers, il se réfugie à Velleron près d'Avignon dans les terres de sa mère. Il sera arrêté et guillotiné en Avignon en 1793, en même temps que sa mère, Jeanne-Magdeleine, alors presque inconsciente, aveugle et âgée de 87 ans. Il aura une attitude noble et digne sur l'échafaud. Nous ignorons ce que les sans-culottes leur reprochaient.

Le château de Montbives survit à la Révolution, mais un Vidaud (le dernier peut-être ?) le vend en 1811 à Joseph Amédée Jacquemet, qui se fait appeler de Montbives (il sera maire de Biviers sous Louis-Philippe). Mathilde Jacquemet, son héritière (sa fille peut-être) et son mari, baron de Polinière, vendent le domaine de Montbives en 1929 à un industriel (un soyeux) Georges Morel-Journel, dont descendent en droite ligne les actuels propriétaires. Ce soyeux, lettré et amateur d'archives, a étudié et résumé l'histoire de Montbives pour en donner communication à l'Académie Delphinale vers 1953. C'est cette publication qui a fourni la majeure partie du texte de cette page.

On pourra suivre la succession des seigneurs de Montbives dans le tableau pdf Montbives . Des tableaux analogues aideront à suivre l'histoire des maisons proches par les liens ou par la distance ( Arces de Saint-Ismier, Arces de la Bâtie de Meylan, La Bâtie Champrond, Bayard ).

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