Montbonnot
Le château-fort
Mentionné pour la première fois en 1116, il appartenait probablement au début à la fois aux évêques de Grenoble et aux comtes d'Albon (on appelait
condamines ces propriétés indivises). Les d'Albon, devenus par la suite Dauphins, réussirent petit à petit à devenir seuls propriétaires de ce château, ainsi que de beaucoup d'autres en Dauphiné.
Le bâtiment était réputé confortable et sain. Il occupait environ un hectare (50 x 190 mètres).
Le Dauphin
albergeait (louait pour une durée indéterminée) ses châteaux à des notables, souvent d'anciens compagnons d'armes, qui deviendront ainsi des seigneurs ou
châtelains, avec certaines prérogatives sur leur
mandement. Le plus ancien seigneur connu de Monbonnot (Mons Bonodi) est Pierre d'Auruce, maréchal de camp du Dauphin vers 1250. Au 15e siècle, une longue lignée de Galbert possédera ce château, ou plutôt, une
maison forte dans l'enceinte du château (il n'y eu bientôt plus d'albergement, mais
vente pour combler les déficits du Trésor).
Le château a été rasé à la fin des guerres de religion. Lesdiguières l'avait pris, les ligueurs repris (avec l'aide du duc de Savoie). Les habitants, soumis aux différents sièges et lassés des exactions militaires, obtinrent sa démolition par la Ligue en 1590.
Le mandement de Montbonnot
Le Dauphiné était divisé en baillages (le Grésivaudan en était un), puis en mandements, d'une taille un peu supérieure à celle d'un canton actuel. En-dessous, on trouvait la paroisse. Le mandement de Montbonnot comprenait 9 paroisses, de Meylan à Bernin, Biviers compris. Le châtelain administrait le mandement, percevait les taxes et y rendait la justice. En fait, la hiérarchie judiciaire comprenait
- le châtelain, qui rendait la basse justice : petits délits, peines d'argent.
- le juge mage, au baillage, pour les autres délits des roturiers : il pouvait condamner à mort.
- le bailli, qui jugeait les nobles et les châtelains.
Les taxes étaient nombreuses. On peut citer, sans prétendre être exhaustif :
- la dîme, entre le 1/10e et le 1/30e des récoltes, due au clergé et au seigneur,
- la taille, taxe sur les propriétés inscrites au cadastre,
- la corvée, impôt en journées de travail pour la collectivité,
- le cens, théoriquement droit de location, totalement anachronique après le Moyen-Age,
- la gabelle, impôt sur le sel, denrée indispensable à cette époque pour la conservation des aliments,
- les droits de péage sur la circulation des biens : par exemple, en 1312, taxe de 1 denier par mouton franchissant la barrière de l'octroi et de 12 deniers par bête chargée de fer, de vin, de blé...
- la leyde, taxe sur les marchés (langues des bêtes abattues !).
Le commerce
Il semble que Monbonnot ait été surtout une petite cité commerçante. Elle était serrée autour du château, fermée par des remparts, traversée par la route royale Grenoble-Barraux (Chambéry n'était pas en France !). En cas d'épidémie, on fermait cette route et le transit se faisait par une déviation. Montbonnot avait la réputation d'être plus sain que Grenoble ; c'était peut-être dû à des précautions de ce genre ! (le Parlement de Grenoble se réfugia à Montbonnot en 1586 lors d'une grande peste).
On y trouvait sans doute tous les petits commerces alimentaires. Depuis 1100 environ, des foires et marchés importants y avaient lieu et concernaient, outre les produits de la terre (céréales, chanvre, laine, vins ...), les produits de boucherie, y compris les cuirs. La marchandise venait par route et surtout par bateau (St Martin avait un port et une digue d'accostage).
Hôtes royaux
Les Dauphins en leur temps habitent souvent le château de Montbonnot. Louis XI en fait également l'une de ses demeures préférées et batifole dans les environs (Malanot, Bouquéron, la Tour des Chiens...).
Les guerres d'Italie lui font jouer le rôle de relais royal cisalpin. Plus confortable que les demeures de Grenoble sans doute, les rois y séjournent lors de leurs passages. Il leur arrive d'y laisser la reine. Par exemple, le jeune fils de Charles VIII, meurt en 1495 au château de Montbonnot1 (de la rougeole, semble-t-il). Sa mère, Anne de Bretagne, devenue femme de Louis XII, y séjournera 4 mois en 1507 avec sa fille Claude de France, laquelle séjournera à nouveau à Montbonnot en 1516 avec son mari François Ier.
Le deuxième château
Vers 1660, Françoise de Galles acheta les ruines du château-fort de Monbonnot. Elle en reconstruisit progressivement un autre, non fortifié, à la place de l'ancienne
maison forte, château qui fut cédé plus tard par son fils Philippe (sans héritiers) à ses cousins (famille Copin de Miribel, laquelle famille donna à la France un maire à Grenoble et un grand général). C'est la mairie actuelle.
Les communications autrefois
- route royale (temporairement impériale) de Grenoble à Barraux,
- bac à péage sur l'Isère,
- port fluvial sur l'Isère. Sans doute assez rustique, et plutôt pour les marchandises. La remontée de l'Isère était très difficile.
- en 1839, pont suspendu (Stendhal l'appelle pont en fil de fer).
- en 1904, tram (fermé en 1947).
Notes :
1. JJA. Pilot, Histoire de Grenoble, Baratier fr., Grenoble, 1829.
Pour plus d'informations, se reporter à :
Regards sur Montbonnot et St-Martin-de-Miséré, par Georges Sailler